dimanche 10 mai 2020

Le silence est un oubli

Le thème est éternel et suffisamment  générique pour imager grand nombre de situations... parfait pour relater la mienne.
Donc voilà, je suis de retour au pays et depuis déjà presque quatre semaines durant lesquelles j'étais bien occupé, ce qui explique cet absence d'épilogue.

Finalement, je n'aurai pas eu à attendre très longtemps dans mon confinement néo-zélandais. D'abord un mail de l'ambassade, un place sur liste d'attente et enfin deux jours plus tard je bouclais mes valises.


Auckland International airport... COvide
Le départ fut un peu plus houleux. Une journée complète passée à poireauter à l'aéroport d'Auckland pour ne finalement pas prendre l'avion, retardé de seulement 24h. Mais bon, la journée se termina dans un hôtel confortable avec des nouvelles rassurantes pour le départ du lendemain, difficile de se plaindre dans ce contexte, mais dans un vol avec des passagers exclusivement français, il aurait été impossible que quelques critiques n'émergent pas de temps à autre, je me sentais déjà comme de retour à la maison. Ça me manquait !


Quelques poissons rouges dans les bassins de l'hôtel, j'aurai pu pêcher une dernière fois en NZ
Quoi qu'il en fusse, le lendemain j’obtenais mon boarding pass et une poignée d'heures plus tard je m'installais dans l'avion.




Le vol, c'était une unique escale à Hong-Kong sans descendre de l'avion, le contournement de la Chine dont l'espace aérien était fermé. Au final plus de trente les fesses vissées dans l'avion, c'était long mais finalement une expérience intéressante à vivre, comme de découvrir l'aéroport Paris Charles de Gaule quasi désert.
Mon frère assuras mon transfert jusqu'à la maison, voiture chargée de fromages, pain et autres victuailles. Routes désertes, le retour à la maison fut rapide laissant assez de temps pour une halte à quelques kilomètres de l'arrivée pour retrouver l'amour de ma vie, la Loue.

Toujours aussi belle ma rivière
Quelques jours furent nécessaire pour se remettre du décalage horaire et se réhabituer à mon environnement.

Les hauteurs de mon village

Mon village
Ensuite, se fut l'annonce du Président et les quatre semaines supplémentaires de confinement. La pêche étant donc interdite durant cette période, cela marqua donc la reprise des travaux à la maison avec comme objectif de boucler les extérieurs durant cette période.



Un hommage à mon voyage, cherchez le détail
A la veille du dé-confinement, je suis plutôt heureux de l'avancée des travaux. Mon expérience en Nouvelle-Zélande m'aura apprit qu'il est résolument possible de vivre au jour le jour, débarrassé de toutes inquiétude concernant l'avenir. Alors dans cet esprit, je ne peux qu'être heureux et me satisfaire de ma condition. Dans le contexte du COVID, quel pourrait être le sens de se torturer l'esprit avec des plans de carrières ou je ne sais quoi d'autre. Alors franchement, ma vision s’arrête à quelques semaines tout au plus avec comme projets celui de continuer la restauration de ma maison et bien sur de retourner emmerder quelques poissons. La reprise de mes activités est donc non-officielle, mais je suis là et à votre disposition pour l'organisation de séjours pêche ou des commandes de mouches.

C'est donc la fin d'une aventure, d'autres bien sûr suivront, d'un autre genre,en d'autres lieux, d'autres rivières, d'autres montagnes et je ne doute pas qu'il y aura du bons à prendre dans chaque cas.
Merci de m'avoir suivi et merci pour vos messages souvent restés sans réponses. Je m'en excuse mais les écrans et moi, ce n'est pas une longue histoire d'amour.
Pour tous ceux que ça intéresse, vous pourrez continuer à suivre le blog ou je compte écrire quelques articles de temps à autre.

En vous souhaitant un bon dé-confinement, en espérant que dans vos 100km respectifs se trouvent ce et ceux que vous aimez !

A très bientôt,
Matthieu Pornon


jeudi 9 avril 2020

Pérégrinations halieutiques : Chapitre finale

Bonjour à tous,

En ces temps galvaudé de pleine pandémie mondiale, je pense bien à vous en Europe ou la situation bien plus préoccupante qu'ici en Nouvelle-Zélande. Avec bien des complications et franchement pas vraiment la tête à cela, il m'aura fallut bien du temps pour écrire cet article qui j'espère vous plaira et vous fera oublier pour quelques minutes au moins l'ennui du confinement.


Et c'est partit !
Comme annoncé dans l'article précédent, j'étais arrivé sur l'île du nord et filais sur la route sud dans les rétros, enjambant bon nombre de rivières sans même leur prêter attention. Non pas qu'elles ne fussent jolies ou en core poissonneuses, mais je ne suis résolument pas venu jusqu'ici pour pêcher à coté de ma voiture.

Il y a bien des choses en plus qui opèrent lors des expéditions dans les montagnes. Un cocktail d'adrénaline, de solitude, de dépassement de soi, de grandeur et beauté de la nature. Un cocktail puissant pour une ivresse ultime.
Imaginez-vous seulement, seul, là au milieu de rien ou de tout, ce n'est qu'un point vue, de vastes étendues à parcourir, gravir des montagnes bien plus grandes que vous ne le serez jamais, tout ça juste pour "aller à la pêche" voir ce qu'il se passe là bas derrière. Un but bien dérisoire au vue des périls encourus. Sans balise SOS et sans prévenir personne cela se révèle de l'inconscience, mais c'est bien sciemment que j'ai fait ce choix. Ne s'en remettre qu'à soi-même et sa potentielle destinée.
Alors imaginez-vous encore, vous parlant à vous-même, d'abord dans votre tête, puis très vite à voix haute. Conversant avec tous ces vieux fantômes qui inlassablement vous ont suivi et enfin faire la paix avec.
On est ici dans le domaine de la plongée en eau profonde, un sport à risque qui demande de la préparation mentale et physique. Je suis bien conscient que cela n'est pas ou plus fait pour tout le monde mais surtout, je suis bien heureux dans ma vie d'avoir pu le faire, le vivre.
Vous comprendrez alors que ce n'est pas parce que la pêche est mieux qu'on arrive jusque là, mais plutôt parce qu'il est mieux de pêcher lorsqu'on arrive là.

Voilà ce que je suis venu chercher, et pour le trouver, encore, j'étais au départ de ce qui sera ma plus belle expérience. Bienvenu dans l'opération Rangitekei !

le projet était le suivant : Rejoindre les secteurs les plus en amont de la Rangitekei,  la rivière la plus réputée de l'île du nord. Pour cela, il n'existe pas de chemins balisés seulement des voies d'accès connues ou il est possible de gagner la rivière. Bénéficiant de l'expérience de mon ami Arnaud ayant vécu l'aventure quelques semaines auparavant, je disposais donc d'infos sur ce qui sera ma route de sortie de la vallée. L'idée était d'accéder une quinzaine de kilomètres plus en aval, afin d'avoir du terrain à battre dans la vallée. Pour cela, il me suffisait de longer une zone militaire et enfin redescendre un affluent pour enfin arriver à la rivière. Ça parait simple comme ça, mais à l'aller comme au retour c'est une trentaine de kilomètres qui me sépare de la rivière, sans chemin pour la majeure partie...

Top départ le pouce en l'air !
L'aventure commença ainsi. Installé dans un camping qui était mon point de d'arrivée, il me fallait rejoindre mon point de départ à une trentaine de kilomètres plus au sud. C'est donc en auto-stop que se firent les premiers kilomètres de mon périple. J'abandonnai ma voiture pour partir avec des campeurs sur la route principale. Quelques dizaines de minutes d'attente puis je m'embarquai dans un nouveau véhicule, avec un pilote circonspect par ma destination.
"Tu vas ou ?"
"A la pêche ! Vous n'aurez qu'à me poser au bord de la route dans 20km environ..."

J'arrivai au départ en milieu de matinée. Après le premier kilomètre parcourue, je me retournai une dernière fois, comme pour saluer la civilisation pas trop exubérante en ce coin.

On voit encore une route...
Les débuts furent vraiment aisés. Sentier relativement visible, peu de dénivelé, balises régulières marquant la zone militaire et également un peu de compagnie...


C'est ensuite que cela se corsa. Mis a part les cerfs toujours bien présent, tout le reste changea.
Alors que je passai un premier col, une vaste plaine s'étendait devant moi alors que j'étais sensé  trouver une petite rivière.
Perdu ? Après un point cartographique, j'avais effectivement dévié de trajectoire. Un gros kilomètre, puis encore un autre pour regagner ma route, des fois que la distance me séparant de la rivière ne fusse pas assez longue !

Le milieu paradoxal, qui à la fois vous coupe les jambes et vous pousse dans le dos
Je retrouvai enfin ma voie et la petite rivière, et il était temps car mon stocks d'eau était épuisé depuis un moment.


Ayant à peine passé la moitié du parcours, après un bain revigorant, je choisis de continuer encore afin de me rapprocher au plus de la rivière. La journée se termina avec un campement posé sur une ligne de crête, ce qui ne fut pas la meilleure des idées car un vent soutenu souffla durant toute la nuit perturbant mon sommeil pourtant nécessaire.
Au matin, j'entamai la descente et arrivai rapidement au bord de l'affluent qu'il me fallait descendre. Cascades, gorges, ce ne fut pas une mince affaire !

Option canyoning imposée 
Après avoir franchis ces difficultés, le profil s'assagit laissant place à de longs pools ou évoluaient paisiblement de belles truites. Il était alors venu le temps de monter ma canne à mouche.


A la première capture, je m’aperçus que mon épuisette n'était plus accroché à mon sac. Oups ! Résolument trop loin pour aller la chercher, je décidai donc de m'en passer, un potentiel cadeau pour un autre pêcheur aventurier !

La première truite de l'expédition
La population de poissons était pour le moins surprenante. De très grosses truites arc-en-ciel pour l'essentiel, en bon nombre. Sur un secteur qui semblait désert, une grosse masse verdâtre reposait sur le fond. Au passage de la mouche, elle se décala pour l'engloutir. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait cette fois d'une grosse, très grosse fario. Le combat fut bien plus long qu’impressionnant et tourna en ma faveur.  Je n'ai aucune mensuration du poisson, mais il est de loin mon record personnel.


Good bye lady Brown
C'était cœur léger, que je continuai la descente de ce petit cours d'eau, prenant de temps à autre une interlude pêche.


Bon nombre de truites s'accrochèrent à l'hameçon, puis en relâchant l'une d'elle qui partit avec mon fil ce fut à mon tour !


Opération chirurgicale accomplie, je me décidai d'écraser plus régulièrement mes ardillons.

En milieu d'après midi, j'arrivai enfin à mon objectif. La belle rivière s'étendait devant moi, basse, parfaitement claire, ce qui laissait présager de bons coups de ligne. Une belle récompense après tout de même plus de 24h pour y arriver.


Je commençai alors par remonter, en quête de mes premières truites mais également d'un site pour poser mon campement. Dans les deux cas, je n'eu pas grande difficulté pour les trouver.




Le lendemain, après un petit déjeuner entrecoupé de baston contre des truites arc-en-ciel, je partis à l'amont de la rivière, sans sac à dos mais avec ma veste de pluie car la journée s'annonçait pluvieuse.



Sans vent et avec des averses régulières,  les conditions furent absolument parfaites pour pêcher en sèche. D'autant plus qu'une retombée d’éphémères était en cours rendant les poissons vraiment dingues jusqu'en milieu d'après midi.



Juste trop beau !
 Après cela, il a fallut sortir les nymphes, c'était tout de même moins existant mais il me fallait absolument prendre mon dîner, n'ayant pas cédé à la tentation d'un poisson séché trouvé sur la rive.




En fin d'après-midi la pluie s'intensifia, pas des meilleures augures alors que je me préparerais à manger une truite au barbecue... Mais en tant que campeur expérimenté, j'avais pris la précaution de mettre du bois à l'abri sous l’abside de ma tente. Malin n'est ce pas ?


Le soir, alors qu'une première éclaircie pointait au dessus des montagnes, il était temps pour moi de passer à la cuisine. Un mode de cuisson inédit que je vous laisse découvrir ci-dessous.





Après cette deuxième nuit au campement, il fallut le lever cette fois. J'y était pourtant pas mal et à vrai dire, mon sac à dos de 20kg ne m'avait pas vraiment manqué la veille.

Similaire à la veille, le ciel était couvert. Je savais après la journée précédente que l'activité était plus intense le matin. Je me précipitai donc sur un secteur ou j'avais aperçus une belle fario, rare sur ces secteurs, mais ou j'avais aussi pu voir quelques choses qui semblait absolument immense, mais dont je n'étais pas si sûr qu'il s'agissait bien d'un poisson.
A peine arrivé sur place, j'eu la confirmation que oui, c'était bien une truite que j'avais vu. L'immense fario se dirigea droit sur moi, j'étais en parfaite position, il me fallait réagir rapidement. La nymphe posé à 5m devant le poisson en anticipant la trajectoire... 4m...3m...2..1... puis d'un petit écart sur la gauche et j'amorçai le ferrage.
Étant donné sa taille, la truite ne bougea pas d'un millimètre alors que ma canne était déjà pliée en deux. Elle se contenta seulement de remuer lentement la tête, suffisamment pour se défaire de son entrave... Ce poisson avoisinait les 90cm, hors norme. Après un premier hurlement de rage dont l'écho sonna longtemps dans le silence de la vallée, je retrouvai le sourire constatant que l'ardillon avait était écrasé sur la mouche... Changement de cap...je me décidai donc d'écraser mes ardillons moins régulièrement !
Comme consolation, je pris la deuxième fario que j'avais aperçus la veille. Content, bien qu'elle me parut comme un alevin comparée à l'autre.


Malheureusement, la météo se dégrada et une association de vent et bruine mêlés s'installa durablement, avec une chute drastique des températures.


Au fur et à mesure de ma progression vers l'amont, la rivière se rétrécissait, privée de l'apport en eaux de ses affluents. Le niveau d'eau très faible en cette fin d'été, ne laissait qu'un mince filet d'eau, un courant lent, compliquant l'approche pour des poissons résolument boudeurs en cette journée. Je parvins tout de même à prendre régulièrement des truites arc-en-ciel, mais échouai à quelques rares tentatives sur les farios.





En milieu d'après-midi, mon nouvel objectif fut de trouver le campement et la route me permettant de quitter la vallée. Selon les informations que m'avait donné Arnaud, du moins dans mes souvenirs, il était question d'une pelle au campement et d'un chemin qui partait directement depuis celui là.

Le blue duck, un canard magnifique. normalement très rare mais bien présent si loin de la civilisation
J'eu bien trouvé la pelle... Mais la description ne correspondait pas. Je continuai alors ma quête, visitant différents campements mais aucun d'eux ne s'accordaient à la description, du moins dans mes souvenirs ! Il n'aurait pas été idiot de prendre des notes. La journée se termina fatigué, frigorifié et également un peu inquiet quant à ma sortie de la vallée.


Après une nuit de sommeil réparateur, bon pour le corps et l'esprit, je me plongeai dans l'étude cartographique afin de trouver une issue pertinente. Je pris donc le parti de repartir vers l'aval pour m'installer sur un campement situé à quelques 400 m d'altitude en dessous d'une ligne de crête rejoignant les sommets dont j'étais certain qu'il me faudrait les visiter.
Quelques coups de ligne sur ma route puis en milieu de matinée j'étais rendu à mon nouveau campement.


Pour cette dernière journée dans la vallée, je choisis un programme en douceur avec la remontée d'un petit affluent. Ce fut une jolie promenade, mais pour ce qui était de la pêche, rien à signalé, pas vu la queue d'une truite.

le fameux affluent
Le beau temps étant revenu, la suite de la journée se partagea entre le séchage mes affaires pour une fois au moins dormir confortablement,baignade et sieste, un programme idéal avant la marche qui allait suivre, car je présentai bien que ça ne serai pas facile.


Levé au aurore, copieux petit déjeuner englouti,  j'étais prêt pour me lancer à l’assaut de la montagne. La première étape consistait à monter en altitude afin de m'extraire de la foret. Après un départ abrupte, je retrouvai les crêtes couvertes par dense végétation.

Juste un aperçu de la route...
Ce fut une lutte de tous les instants et il me fallut pas loin de 2h pour sortir de la foret, pour seulement quelques kilomètres parcourus.

Mes adieux à la Rangitekei encore sous un voile de brume
La suite ne fut pas plus aisée mais pour le moins, majestueuse. J'étais alors du crêtes de haute altitude, tantôt montant à 1700m tant descendant à 1200m.




Poussé par la beauté du site et par la sensation de liberté, je me retrouvai rapidement à redescendre dans une vallée. Cela faisait déja 7h que je marchais, et après une longue pause repas/baignade je repris mon chemin pour les ultimes kilomètres qui me séparaient de l'arrivée. Il y avait encore des pentes à gravir et à descendre, mais cette fois j'étais sur un sentier balisé, facile donc.

Les crêtes, le chemin, et le lac Taupo au fond à droite
En marche rapide, mes jambes réagissant seules, il me fallut seulement 3h pour arriver jusqu'au camping ou était ma voiture. J'étais exténué bien sûr après 30km de marche en montagne, mais ne ressentait absolument aucune douleur seulement une douce euphorie, l'ivresse des profondeurs...

Bien heureux de retrouver ma maison
Place maintenant aux paliers de décompression.
Généralement après ce genre d'escapade, on se promet toujours du repos. Mais après une longue et douce nuit , une heure de ménage et finalement deux heures de "vrai" repos, et bien, j'avais déjà les jambes qui me démangeaient. L'heure était venue de faire chauffer la Subaru et de prendre la direction d'une autre rivière coulant en bas des volcans du Tongariro.

Ce fût en milieu d'après midi que j'arrivai au bord de la Whakapapa. Rivière volcanique donc, fonds glissants, peu de clarté... Pas vraiment ce à quoi j'avais été habitué ces dernières semaines.


Soit. A peine arrivé je trouvai déjà des poissons actifs en surface, de bien belles farios.


Le soleil d’après-midi laissa rapidement la place à une douce lumière, inondant la vallée encore quelques instants, et ou déjà les insectes commençaient à s'agiter dans les airs.
Tous semblait annoncé une grosse soirée de pêche. Elle eut lieu.
La rivière se trouva couverte d'une sorte de petit papillon, donc je ne suis toujours pas certains s'il s'agit d'un insecte aquatique ou non. Je me rendis compte rapidement du potentiel qu'offrait la rivière quand toutes les truites se mirent en activité sur ces curieux insectes.



N'ayant pas grand chose dans mes boites pour imiter ce "papillonidé", je fis quelques tests avec des sedges, mais sans succès. C'est bien souvent dans ces circonstances qu'il faut sortir les inédits mais aussi et surtout les grands classiques. Ainsi, ce fut armé d'une French tricolore que le massacre commença.




Je ne saurais vraiment dire le nombre de truites capturées en cette soirée, disons, un bon nombre pour un bon moment de pêche.



Le lendemain j'accompagnai mon ami Tim jusqu'à Wellington, profitant de la route pour discuter un peu et au retour de l'époustouflante vue depuis sa terrasse.



Retour sur la Whakapapa un jour plus tard et changement d'ambiance.
A part quelques petites truites (vraiment petites cette fois : 25cm) prises de temps à autre, rien à se mettre sous la dent. J'ai bien vu quelques beaux poissons mais avec la teinte de l'eau, ce n'était que lorsqu'ils prenaient le large. J'attendais donc patiemment la fin de journée et la potentiel retombée de papillons.


Elle n'eut pas lieu. Comme consolation j'eus droit à un fabuleux coup de ligne sur une belle truite gobant derrière une branche à plus de 20 mètres de distance, obligeant à un passage unique avec l'espoir que le fil ne se bloque pas dans la dite branche. Une belle réussite, parfois ça peut aussi bien se passer.


Une dernière nuitée au bord de la Whakapapa et je reprenais la route pour je ne sais où. Je fis une halte à Taupo, ce qui me permis de faire le point sur mon prochain projet et le lendemain j'étais déjà au départ d'un chemin pour aller à l'amont d'une rivière déjà pêchée en novembre, le Gnaruroro.


La piste était cette fois parfaitement balisée, sans grosses dénivelés et l'unique complexité n'était que la distance à parcourir d'une bonne trentaine de kilomètres.
Longeant un ruisseau, je lorgnais de temps à autre pour y trouver des poissons. Il me fallut longtemps pour en trouver une mais la tentative fût un échec.
Je passai la nuit au bord du cours d'eau sur une place de camping sauvage qu'on aurait cru spécialement aménagée à cet effet.


Le lendemain en fin de matinée, j'étais à mon objectif mais ne trouvai qu'une rivière extrêmement basse et après une demi-journée de prospection je n'eu trouvé seulement quelques truites apathiques qui semblaient subir le manque d'eau.


Bref, rien qui ne donnait envie de pêcher et finalement je finis ma journée par m'installer dans une hutte optant pour le confort et une insaisissable vue sur la vallée.


Alors que j'avais prévu de rester 5 à 6 jours, j'étais déjà sur la marche retour dès le matin. Juste une halte pour prendre ma revanche sur la truite vue deux jours plus tôt.


Je ne savais pas encore mais cette truite fût ma dernière capture de périple néo-zélandais...
Vous comprendrez donc qu'à partir de maintenant il n'est plus question de pêche, cependant l'aventure continua.
Me restant encore quelques jours de répit avant de changer de cadre et de vie, je pris la direction de la péninsule de Coromandel pour cette fois faire ce que je n'ai jamais vraiment fait en Nouvelle-Zélande, du tourisme !
C'est un site très touristique mais étant donné que l'été touchait à sa fin, j'ai pu bénéficier de campings vides et de plages désertes pour moi seul.


Entre marche et course à pied sur la côte, sauts dans les vagues, lectures sur la plages. Le programme était parfaitement relaxant.


Ultime palier de décompression j'étais maintenant prêt pour changer de vie.

La suite de l'aventure se poursuivit à Auckland, avec un projet bien précis. Quatre semaines pour travailler, revendre ma voiture et enfin quitter la Nouvelle-Zélande finance gonflée à bloc pour profiter de deux mois de pêche en Patagonie Argentine... c'était le projet, c'était...


Tout avait extrêmement bien commencé. Un travail qui consistait à faire le ménage dans un bâtiment incendié avec accoutrement digne d'une guerre chimique. Un job parfaitement inintéressant mais bien payé et 50h semaine.


En parallèle, la rencontre d'un riche propriétaire qui cherchait quelqu'un pour l'aider à construire sa terrasse durant les week-ends. Beaucoup plus intéressant et encore mieux payés.
En deux semaines, j'avais déjà gagné plus de 2000$, également de sérieuses touches pour la revente de ma voiture. Tout avait extrêmement bien commencé, ça n'a pas duré !

Lorsqu'on vit reclus et déconnecté, c'est souvent avec stupeur que l'on découvre les événements. Et là, ce fut comme une météorite venant s'écraser sur ma planète, que je me suis pourtant toujours efforcé de garder loin des astres arrogants.
Je fis la rencontre d'un nouvel ami Italien qui m'expliqua que tout était déjà bloqué dans son pays.
s'joutaient les nouvelles de mes proches depuis la France indiquant une situation similaire que bien sûr vous connaissez mieux que moi...
Alors que je prenais à peine la mesure du climat général, ce fut toute une cascade de déconvenues qui m’arriva en pleine face.
D'abord congédié de mon travail en beau milieu de l'après-midi avec beaucoup de délicatesses : "Rentrez chez vous les gars! On est en niveau 3 d'alerte à partir de maintenant et niveau 4 à partir de mercredi minuit". Je me fis expliquer ce que cela voulais dire et compris que le confinement "The Lockdown" commençait donc mercredi. Il n'y avait qu'une centaine de cas de corona sur tout le pays donc vraiment, je ne l'avais pas vu venir !
Ensuite, plus logiquement, ce fut l'annulation de mon vol pour l'Argentine, sans qu'aucun remboursement ne soit proposé, seulement un avoir disponible dans 12 semaines et valide durant un an. Merci !
Pour finir, je n'avais pas réussi a revendre ma voiture disposant donc d'un crédit relativement limité.

Dés lors j'ai étudié les différentes options qui s'offraient à moi. Rationnelle en premier lieu, prendre un avion en dernière minute pour regagner la France avec seulement deux choix : Payer une somme exorbitante de l'ordre de 6000€ ou faire deux fois le tour de la terre pour peut-être arrivé à Paris et pour pas moins de 2000€. Peu séduisant !
Les options irrationnelles maintenant. La première était tout simplement de partir m'installer dans le bush pour la durée du confinement. Mais sans réseau téléphonique, je n'aurai pu avoir aucune information de l'évolution de la pandémie ou encore d'un potentiel retour au pays. Il me restait une dernière tentative, trouver un bateau pour quitter la terre ferme mais surtout fuir les mesures de confinement. J'ai écumé tous les ports d'Auckland. "Pour aller où? ... en France ! ". Je suis vraiment passé pour un fou furieux, à juste titre, mais mon ambition était justement de trouver quelqu'un d'aussi fou que moi. Malheureusement ou heureusement, je ne saurais le dire, je ne l'ai pas trouvé.

L'étau s'était resserré, j'étais résigné au confinement, vexé de n'avoir pu trouver un échappatoire et abattu par la perspective de me faire chier à mourir et de me retrouver sans ressources à payer chaque semaine pour mon loyer.

Lumières matinale sur rues dessertes
Mais comme bien souvent dans ma vie, le sort n'est pas trop cruel. Hommage à ma bonne étoile !
Il me restait une dernière cartouche, l'agence qui m'emploi. Après plusieurs coups de fil, je me fis enrôler pour aller garnir les rayons d'un supermarché. Pas tant pour le poste, mais je fus vraiment content d'avoir trouver quelque chose à faire et de pouvoir gagner un peu d'argent.


Une nouvelle routine s'installa dans laquelle je suis toujours actuellement.
Le travail au supermarché pour respirer à plein poumon la paranoïa ambiante, à mon sens bien plus inquiétante que le coronavirus et aucun gant ou masque ne peut vous protéger de cela. Fort heureusement seulement 21h par semaine limitant l'impact sur ma psyché.


Pour décompressé, je peux compter sur un cadre de vie des plus sympas. Une maison agréable nichée dans la verdure. Des colocataires géniaux avec qui je peux me laisser aller à ma passion pour la cuisine et partager des bons petits plats dans une ambiance de repas de famille.


Et enfin du sport en tous genre. Marche et course à pied pour découvrir les nombreux parcs de la ville. Mais également Yoga et relaxation avec une prof argentine à domicile, elle aussi bloqué ici à cause des annulations de vols.


C'est bien la fin des pérégrinations halieutiques...

Ambiance Farwest à 15km du centre ville
Il y a bien quelques bémols, comme un propriétaire paranohistérique, qui ayant quitté le navire à tout de même fait séparer physiquement les étages de la maison et interdit à chacun de nous de se réunir. Ça s'appelle la dictature des émotions, et lorsque peur et stupidité sont mêlées on en arrive à se genre d’aberrations. Mais bon, puisque chacun d'entre nous s'en moque royalement, nous continuons à passer le temps et du bons temps tous ensemble.

Je ne suis donc pas à plaindre. Malgré tout, après plus de deux semaines à attendre un vol de rapatriement ou la baisse des tarifs pour les retours classiques, je ressens une certaines lassitudes et finalement la première fois depuis le début de mon voyage, mes proches me manquent, ma chienne, mon pays, ma rivière...  il est vraiment tant de rentrer et je ne doute pas que me bonne étoile brillera encore cette fois-ci pour mettre un terme à cette bien étrange fin de voyage.

Sur ce, prenez soin de vous et restez en bonne santé, en attendant je trinque à la votre !


A très bientôt,
Matthieu Pornon