mercredi 16 décembre 2015

Guidages de fin de saison

Le mois de novembre marque la fin de ma saison de guidage. Les opportunités de pêche restent nombreuses, mais la météo souvent capricieuse à cette époque rebute plus d'un pêcheur.
Durant la première quinzaine du mois, j'au eu l'occasion de faire vivre à mes clients de belles journées de pêche. Au menu, du gros brochet et du sandre !

Léman : un digne au-revoir

J’accueille mes clients et amis, Paul et son frère Louis pour ce qui est ma dernière journée sur le lac cette saison. En général en novembre, il ne faut pas espérer faire la pêche du siècle. Les petits sont très peu actifs mais les chances de capturer un spécimen sont importantes !

Nous commençons la journée par un sondage intensif qui se révèle ... désastreux !
En effet, les bancs de perches sont rares, très profonds (+ de 25 m) et semblent constitués uniquement de tout petits poissons. 
Pêcher à ces profondeurs est extrêmement compliqué. De plus, ramener un brochet depuis cette profondeur sans palier de décompression, peut lui poser de sérieux problèmes de santé.

Malgré tout,  nous tentons notre chance afin d'avoir de premiers éléments de réponse. Une heure passe, rien ne s'opère hormis un gratoullis ressemblant fortement à une touche. 
Rien ne sert d'insister, nous repartons donc à sonder.

Après avoir  écumer tout les postes connus sur cette partie du lac, nous trouvons enfin quelque chose d'intéressant. Un banc de belles perches pas très large, mais plutôt morcelé et bien étagé verticalement. Tout laisse a penser qu'un brochet est actif sur ce banc.
Il nous faudra peu de temps pour s'assurer de la présence de brochet. Paul ouvre le score avec un splendide poisson de plus 80 cm.



Nous insisterons sur la zone, sans succès.
En novembre les journées passent (trop) vite et l'après-midi est déjà bien entamé. Je décide de laisser reposer la zone et de retourner sur le premier poste que nous avons pêcher. 
Rien n'a changé depuis le matin  et d'ailleurs nous ne ferons rien de plus sur ce spot. 
Il nous reste une heure avant la nuit. La seule option cohérente est de retourner sur le poste qui nous a apporter notre seul poisson jusqu'à maintenant. 
Arrivés sur place, on rigole un peu pour se détendre quand soudain je prends une touche brutale entre deux eaux. Le combat s'amorce et le poisson me met sérieusement en difficulté. Finalement tout ce passera bien jusqu'à la mise à la l'épuisette. 117 cm sur la réglette, nous sommes heureux bien que le combat laissait penser à un poisson bien plus gros.


Merci pour le coup de main Louis !
Pas de temps à perdre, la nuit arrive. A peine remis de nos émotions, c'est à Louis de ferrer. Ça remue au bout de la ligne, mais le poisson se laisse remonter facilement jusqu'au bateau. Et hop, 92 cm !


Voilà qui conclu pour le mieux cette journée et cette saison sur le Léman. Alors que le lac s'enfonce dans l'obscurité, nous prenons la route du retour satisfait de nos captures.


Saône : un bon début

Retour sur deux journées de guidage père et fils, à une semaine d'intervalle.


La première journée, je reçois Simon et son père Alain.
C'est sur la Saône, au plus bas de son niveau, que se passe cette première journée. Le courant est absent. Dans ce cas le sondeur reste l'outil indispensable pour trouver les postes ou se répartissent les poissons. Nous nous rendons vite compte que le poisson fourrage se rassemble dans de petites fosses au delà de 6 mètres de profondeur.
Il ne nous faudra que peu de temps avant de prendre nos premières touches et nos premiers poissons.

Simon et son premier sandre en verticale
C'est en verticale que la pêche se déroule. Une technique qui permet de prospecter précisément un poste et de bien le décortiquer. C'est une belle découverte pour Simon qui n'a jamais pêché comme cela avant. Il aura un très bon taux de réussite durant toute la journée.


La taille moyenne de sandres capturés resta plutôt faible. Malgré tout, Simon captura un sandre d'une soixantaine de centimètres peu décidé à prendre la pose pour une photo. Nous prendrons aussi quelques grosses touches, des poissons qui devaient être bien sympas.


La journée se termine avec pas mal de poissons au compteur et la satisfaction de mes clients. Au top !

La seconde journée, je reçois Francis et son fils Thomas, 12 ans, pour une découverte de la pêche au leurre en bateau.
Les conditions de pêche sont sensiblement les mêmes que la semaine d'avant ce qui permet d'anticiper sur le déroulement de la journée.
C'est donc plutôt facilement, après une petite mise au point, que les premiers poissons montent au bateau.


C'est également la pêche en verticale qui assurera le gros des prises.
La fréquence des touches sera nettement plus faible que la session précédente et malheureusement pour nous la taille des captures resta très faible.



A la fin de la journée, mes nouveaux clients sont séduis. Pas mal de sandres nous aurons rendu visite, alors que Francis et Thomas n'en avaient jamais capturé avant.


C'est ainsi que se termine cette saison de guidage 2015. Une saison riche en rencontres et en émotions bien que halieutiquement parlant ce ne fut pas évident.
Un grand merci à l'ensemble de mes clients qui me permettent de vivre mon rêve, avoir ma passion pour métier.


A très bientôt,
Matthieu Pornon

dimanche 22 novembre 2015

L'expérience Slovène


Que dire qui n'a pas été déjà dit sur la Slovénie. Si ce pays est actuellement l'une des grandes destinations de pêche mondiale, ce n'est pas par hasard.
Les espaces naturels y sont particulièrement préservés. Peu d'industries, pas d'agriculture intensive... Concrètement, il est plus dur de trouver une algue au fond de la rivière que du poisson, car du poisson il y en a !
En plus des truites marbrées et des ombres adriatiques présent en nombre, les arcs-en-ciel (dont une partie se reproduisent naturellement) viennent compléter la population des cours d'eau.
Par les empoissonnements, une politique "fly only ; No kill" quasi intégrale et par le prix très élevé des licences, la gestion slovène reste critiquable, mais à bien des égards nous devrions nous en inspirer pour gérer nos cours d'eau.
Ceci étant dit, je vous livre le récit de ce trip de cinq jours de pêche, dernière semaine d'octobre, avec mes amis Paul, Clément , Alexandre et mon frère Thomas.

L'aventure débute après une nuit sur la route. A 5  dans une voiture durant plus de 10h de temps, l'arrivée se faisait attendre. A quelques centaines de mètres de notre point de chute, nous prendrons un premier grand bol d'air sur un pont au dessus de la mythique Soca. C'est une grande rivière au courants puissants, l'eau était encore légèrement teintée mais très vite nous observons les premiers poissons du séjour, quelques ombres et une belle marmo... ça promet !
Nous rejoignons ensuite notre gite (Na Biru) ou les sympathiques propriétaires, Marisa et Blaz, nous attendent.
Blaz est guide de pêche et au cours de cette première discussion nous échangeons sur les spécificités locales de la pêche. D'après ses descriptions, la pêche est bien différente que celle que nous pratiquons en Franche-Comté, mais rien d'insurmontable il faudra juste s'adapter.

Nos voisines de chambre
Nous reprenons ensuite la route pour aller à la rencontre d'une légende vivante du montage de mouche, Branko Gasparin. Ce grand monsieur est le propriétaire de la vila noblesa, un lodge prestigieux à la confluence de l'Idrijca et de la Soca. Egalement dépositaire des cartes de pêche, il nous accueille chez lui au milieu d'une centaine de poissons naturalisés. Des arcs, des ombres mais surtout des grosses marmos dont beaucoup passent le mètre.
Branko est d'une gentillesse hors du commun. Il prendra le temps de nous détailler chacune des rivières de la région et nous conseille de pêcher différents parcours durant notre séjour afin de nous rentre compte de l'extraordinaire potentiel présent à moins d'une heure de route et ainsi nous donner envie de revenir pêcher en Slovénie. Malin le slovène !
Après cela, nous repartons en vadrouille pour décider du plan d'attaque pour le lendemain.

Jour 1

Retour chez Branko pour prendre nos cartes et assister à une démonstration de montage hallucinante. J'en ai plus appris en 5 minutes qu'en plusieurs années de montage intensif.
Après avoir bien discuté nous nous décidons à aller sur la haute Idijca. Nous pêcherons en petit groupe afin de prospecter un parcours très large et ainsi recueillir le maximum d'informations.


Vers 10h, les premiers insectes commencent à voler, suivit de près par les gobages et les premières captures.






On se sera tous régalé durant cette première journée, le beau temps et l'activité des insectes y était pour beaucoup. Nos mouches "made in Franche-Comté" auront parfaitement fait l'affaire.
En revanche, ma joie fut quelques peu troublée. Durant la journée, j'ai eu l'occasion de tenir trois belles marbrées sans qu'une seule ne rejoigne mon épuisette. Un mauvais présage !


Après notre première journée de pêche nous entamons  une longue discussion bien arrosée avec notre hôte. Blaz nous oriente sur la haute Soca et l 'un de ses affluents, la Lepena. Il faut dire qu'après 5 bières nous sommes facile à convaincre. 
Jour 2

Une bonne heure de route de montagne de bon matin, ça réveille!
Nous prenons rapidement les cartes et abandons Paul et Thomas qui pêcherons la Lepena. 


Quant à nous trois, nous prospectons les bords de la Soca jusqu'à trouver un poste intéressant.


Le parcours est très rapide. S'ajoute à cette difficulté des éclosions réduites, une luminosité très faible.


Ce ne fut pas évident de se faire la main sur ce nouveau parcours, mais en pêchant l'eau avec de grosses sèches et en battant du terrain pour trouver des poissons à attaquer à vue, nous parviendrons à faire une pêche honorable. Toujours au menu, des arcos bien musclées, des ombres et des marmos qui ont la classe.






De leur coté, Paul et Thom rentrerons pas mal de truites. Quelques petites marbrées mais surtout des arcs en ciel, à la qualité parfois douteuse.



Que ce soit par la beauté du site ou par la technicité de la pêche, la haute Soca vaut vraiment le détour. Elle sera également une bonne source d'inspiration lors de l'apéro-montage de mouches du soir.


Jour 3

Changement d'ambiance pour cette troisième journée, il pleut. Ayant constaté les deux derniers jours que la lumière est le facteur déterminant pour les éclosions, nous sentons plutôt mal la journée. 
Notre nouvel ami Branko, nous oriente sur la Sora, une rivière réputée pour être littéralement gavée d'ombres communs.  
Nous arrivons dans une vallée charmante. mais le cadre tout de même décevant comparé à ce que nous avons vu jusqu'ici.


La classe cette porte d’hôtel 
La pluie qui est tombée toute la journée aura maté les éclosions. En pêchant l'eau en sèche, nous parviendrons à faire monter pas mal de poissons mais c'est avant tout la pêche en nymphe au fil qui donnera le plus de captures. Malgré tout, la taille moyenne resta très faible.





On ne pourra pas dire qu'on a pris notre pied. Avec ces conditions, il est difficile de se rendre compte du réel potentiel de la rivière. Aurions-nous fait mieux sur une autre rivière ?

Le Gite transformé en séchoir géant !
Jour 4

C'est décidé, nous retournons comme le premier jour sur la Haute Idrijca. Le but étant à la fois de se faire plaisir mais aussi de constater si cette rivière est plus productive que les autres.
Le ciel est couvert, de fait, les éclosions sont limitées. Par vagues successives, quelques éphémères décollent et aussitôt les poissons se répartissent sur les pools pour se mettre en activité.
Ces phases ne durent jamais bien longtemps, il est important de tomber juste pour pouvoir en profiter et mettre quelques truites au sec.


Hormis Clément qui gardera un super taux de réussite durant la journée, nous nous heurtons à une autre problématique, la perte (décroche et casse) de poissons durant les combats. Certains étaient même de très gros. Par exemple : Paul cassera un ombre de plus de 55 cm après 10 min de baston ; Ou encore Thomas qui perdra une arc de 60 cm après avoir cassé sur son 30 Ø.
Pour ma part, je me suis fais une raison, car depuis le début de la semaine j'ai bien perdu 50% des poissons que j'ai eu l'occasion  de faire mordre. Il faut dire que les truites slovènes (en particulier les marmos) sont de farouches combattantes, si bien qu'il est difficile d'être serein avec un bon 15 Ø.



Cette journée m'offrira l'opportunité d'attaquer de vraies grosses marmos. D'abord un poisson entre 65 et 70 cm, qui après une cinquantaine de passages et trois changement de nymphes se décida à aspirer ma phaisant tail n°14. Malheureusement pour moi, elle recracha l'imitation avant que je ne puisse terminer mon ferrage.
J'eu également une deuxième chance sur une truite beaucoup plus grosses 85 ou 90 cm. Malgré de très bons premiers passages, puis une centaines d'autres, je ne pu réussir à la faire mordre. 
Facile à repérer !
Si les résultats de la journée ne furent pas fantastiques, on en aura encore pris plein les yeux.

Vraiment magique cette Idrijca !

Jour 5

C'est un peu "à la va-vite" que nous choisissons le dernier spot de notre séjour. Le matin, le soleil est au rendez-vous mais un vent violent l'accompagne. Nous portons donc notre choix vers la Baca, une vallée étroite ou nous serons abrités des rafales.


Nous découvrons une rivière bien plus petite que ce que nous espérions. Pas grave, on s'improvise pêcheur en eaux vives, nous verrons bien.
Premier constat, la rivière détient bien un potentiel intéressant. En sèche et en nymphe, nous prendrons truites (marbrées, et farios) et ombres.
Les captures restent petites, mais c'est un bon début car en plus de ces poissons capturés je casse au ferrage (la loose...) sur une marmo pure souche d'un bon 45 cm.





Nous déciderons ensuite de rejoindre un secteur plus en aval. Une erreur stratégique qui nous fera perdre beaucoup de temps, car nous ne retrouverons pas de secteur prometteur.
Alex prendra tout même quelques arcos à la qualité passable. Clément et moi perdrons chacun une belle marbrée. Clément innova avec un poisson décroché 2 fois, quant à moi c'est à nouveau une casse... décidément...
C'est sur cette "petite" journée que s’achèvera notre séjour. 

Ce voyage fut vraiment une expérience enrichissante (moins pour notre porte feuille).
D'une part, la pêche aura été extrêmement intéressante. Réussir à piquer des poissons plutôt éduqués dans des conditions auxquelles nous ne sommes pas habitués, aura été une énorme source de satisfaction.
Par les infrastructures comme par la sympathie de personnes rencontrées, la région de Tolmin jouit d'une très bonne qualité d’accueil. Les conseils gratuits (une fois n'est pas coutume) de Blaz et Branko, nous aurons vraiment bien aidé.
Le principale bémol selon moi restera le tarif élevé des licences. La qualité des poissons et donc, de la pêche, n'as pas toujours été au rendez-vous. De fait, le rapport prix/plaisir ne fut parfois pas si intéressant.

Pour conclure, une seule phrase me vient à l'esprit : A remettre !
A remettre, parce que les nombreux poissons loupés durant le séjours (4 marmos de plus de 50 cm, 1 arc de plus 55 cm,... la liste est encore longue) me restent en travers de la gorge.
A remettre, car ce voyage aura largement modifier ma façon d'aborder la pêche à la mouche. Et lors d'un prochain voyages, je serais prêt pour des objectifs bien plus précis, tel que la pêche d'une marbrée géante !
Et pour finir, à remettre car ce serait un vrai plaisir de faire vivre une telle expérience à mes clients.


Un prochain périple est déjà en cours de discussion... A suivre !

A très bientôt,
Matthieu Pornon