Je profite d'une sortie sur l'Ain et de quelques clichés pour
faire le point sur la pratique de la pêche de la truite au leurre, sur les
grandes rivières Franc-Comtoises.
Jamais auparavant l'affluence des pêcheurs
au leurre vers nos belles rivières comtoises n'aura été si forte. En effet,
depuis l'ouverture les conditions de pêche sont exceptionnelles et les truites,
faciles à leurrer.
Je suis plutôt ravi de cet engouement pour
la truite, qui est enfin considéré comme un carnassier à part entière. Ce qui
me réjouit moins, c'est le nombre grandissant de mécontents parmi les pêcheurs
locaux.
"Ils débarquent à dix et pataugent
dans la rivière. Quand ils prennent nos truites, ils font des photos pendant
un quart d'heure avant de les relâcher. Croyez-vous vraiment qu'elles
survivent ?"
Et bien NON, je ne pense pas. Elles
repartent pour mourir sous leur pierre, loin de la folie des hommes !
Qu'un pêcheur se plaigne de la sorte ne me
surprends guère. Mais dans le cas présent c'est déjà plus d'une dizaine qui
m'ont interpellé à ce sujet.
Ces pêcheurs ne sont pas des
"NO-KILLISTES" convaincus et ne comprennent pas bien pourquoi ils sont
les seuls à payer les frais de la dégradation de leurs rivières. Une double
peine, car en plus des fermetures et des restrictions de pêche (à l'instar de
la Bienne, la Loue ou de la haute rivière d'Ain) ils se retrouvent à pêcher
dans des cours d'eau dont l'état écologique est pour le moins
"piteux".
Le NO-KILL n'est pas une évidence pour
tout le monde. Comprenez que relâcher des poissons fatigués et abîmés est
un non-sens et peut être perçu comme une grossière injure pour des
personnes qui prenaient déjà des truites, bien avant que la plupart d'entre
nous n'aient vu le jour.
Si nous voulons que de nouveaux parcours
NO-KILL soientt créés, que la taille légale de capture augmente et que les quotas
de captures journaliers soient revus à la baisse, alors nous devons être irréprochables
dans notre pratique, comme dans nos comportements envers les autres pêcheurs.
Quelques conseils pour la suite de votre
saison :
1 / L'Armement :
Que vous utilisiez des hameçons simples ou
des hameçons triples, les ardillons devront être définitivement bannis en parcours no-kill comme en dehors.
Faites-le avant même de ranger un nouveau leurre dans votre boite, cela évitera
un oubli aux conséquences parfois dramatiques pour la santé du poisson.
Une étape obligatoire |
2 / Manipulation du poisson :
La truite est un poisson aussi noble que
fragile et devra être traité avec tous les égards liés à son rang.
- Brider le poisson au maximum pour
écourter le combat au maximum.
- Une fois ramenée à la main ou à
l'épuisette, décrocher au plus vite la truite sans la sortir de l'eau de sorte
qu’elle ne se blaisse pas avec les hameçons.
- Ne jamais serrer une truite pour
lui éviter de bouger. Placez-la dans l'eau pour qu'elle se calme.
- Prendre le temps de relâcher votre prise.
Placez la tête face au courant et accompagner la jusqu'à ce qu'elle parte d'elle-même.
3 / La photo
Aujourd'hui, l'image du poisson a plus de
valeur que le poisson lui-même. Regrettable ou non, ce n'est pas le sujet.
Écourtez au maximum le temps de
photographie. Gardez en mémoire que les branchies de la truite ne captent pas
l'oxygène atmosphérique, c'est donc sans respirer que votre capture prend la
pose.
Si vous êtes seul, oubliez les photos avec retardateur. Car en plus d'une manipulation longue et délicate, la qualité de l'image sera la plupart du temps médiocre. Préférez une photo dans l'épuisette ou dans votre main.
Si vous êtes seul, oubliez les photos avec retardateur. Car en plus d'une manipulation longue et délicate, la qualité de l'image sera la plupart du temps médiocre. Préférez une photo dans l'épuisette ou dans votre main.
4 / Sélection par la taille
Augmentez la taille de vos leurres pour
sélectionner vos captures, car les gros poissons sont plus solides et plus
endurants que les petits. 7 cm est pour moi la taille minimum à utiliser
pour rebuter les petits poissons. Il arrivera toujours qu'une truitelle de 30
cm saute sur un leurre de 10 cm, mais c'est chose rare.
5 / Fair-play,
respect, et partage
La rivière appartient à tout le monde,
autrement dit : à personne !
Ne coupez pas la prospection des pêcheurs
qui sont déjà à l'œuvre sur la rivière. Remontez ou descendez de plusieurs
centaines de mètres pour laisser le champ libre. Même si c'est un bon coin, il
y aura sans doute d'autres truites à faire un peu plus loin.
N'oubliez pas d'être courtois, et de
laisser par politesse un poste à un autre pêcheur.
Respectez les pêcheurs locaux, trop
souvent dépeints en monstres sanguinaires, en "viandards" sur la
plupart des forums. Je ne crois pas que la volonté de certains d'entre eux de
garder une "belle" truite de temps à autre mérite qu'on leur portent un
tel jugement.
Ces pêcheurs ont une mémoire à long terme
sur les rivières que nous fréquentons. Discuter avec eux, vous fera prendre
conscience de l'état actuel de la rivière, de sa richesse, de son
appauvrissement...
De plus, en prenant le temps de partager
vos idées sur la pêche, la gestion, vous aurez souvent en contrepartie des
bons tuyaux, notamment les spots à "grosses".
J'espère que vous prendrez note de ces
conseils et n'oubliez pas que nous sommes les ambassadeurs du NO-KILL!!!
Bonne continuation dans votre saison de
pêche.
A très bientôt,
Matthieu Pornon