dimanche 7 janvier 2018

Nouvelle-Zélande - Voyage au bout du rêve : Première partie

Si vous le voulez bien commençons par le commencement...


Cela fait déjà plusieurs années que mon ami Alexandre, mon compagnon de pêche depuis toujours, me taraude pour un éventuel voyage de pêche à l'autre bout de la terre. Indécrottable des bords de Loue, j'ai toujours remis à plus tard cet hypothétique trip... "Mais non Alex, c'est un peu juste cette année. L'année prochaine, ok ? "
Mais les nombreux reportages et vidéos qu'Alex a pu trouvé sur le web ont eu raison de son esprit fragile... C'est alors qu'en août dernier, je reçoit un sms : "J'ai pris mes billets d'avion pour Christchurch. La voiture de location est réservée..." En sous-entendu : "Fais comme tu veux... Au pire, je te montrerai les photos...".

Sacré Alex, tu m'auras bien pris au dépourvu. Mais un grand merci, car sans toi je ne serais sans doute jamais parti.

Quelques mois s'écoulent. Le temps de finir une saison bien remplie, de faire quelques formalités administratives (un passeport) mais surtout de préparer ce voyage de trois semaines.
Je ne compterai les heures passées à  l'étau, ou derrière l'ordinateur pour étudier les rivières, la cartographie... mais croyez-moi, elles sont innombrables.

Fin prêt !
Nous voilà donc mi-novembre, Terminal 2B de l'aéroport Charles de Gaule. Gonflés par la motivation et par quelques bières belges, on a plutôt le sourire, bien qu'un peu d' appréhension pour les trente prochaines heures.


12h jusqu'en Chine, 6h d'escale, puis 12h jusqu'à Chrischurch... ça calme ! Disons que mes 1m90 sont un peu encombrant dans un avion bondé... Mais franchement, je m'attendais à pire.

Levé du jour sur une mer de nuages.
Arrivée à Christchurch, première déconvenue. Une belle galère pour récuperer notre voiture de location. N'étant pas parfaitement bilingue, je laisse Alex suspendu au téléphone. Je compatis vautré
sur un pouf devant l'aéroport.

Au bout du rouleau après 30h de voyage
Tant bien que mal, nous récupérons la voiture et prenons la direction du sud. Une courte nuit sur le bord de la route et nous continuons notre chemin pour une première opération : Prendre nos licences de pêche et glaner des infos auprès d'un bureau du Fish'n Game.
Au bureau, nous rencontrons Monsieur Sweeman. Surnommé ainsi car il place un "sweet" tout les trois mots, ce qui rend la compréhension difficile. Bizarre ces Kiwis !
Lui expliquant notre projet de voyage, il nous envoit sur des rivières sur notre chemin et notamment une rivière voisine.
C'est là que les choses sérieuses commencent ! Here we are !


Nous attaquons donc la pêche sur cette petite rivière qui s’écoule sur un lit de gravier. Le cadre n'est pas franchement délirant, mais les poissons très nombreux.
On en distingue deux types. Des poissons de taille modeste, apparemment fraîchement remontés de l'océan et des poissons résidents beaucoup plus gros.
Casses, décroches... la réussite est en berne en ce début de pêche. De plus un vent assez violant se lève, ce qui ne facilite pas la tache.
La première  truite du séjour arrive enfin. On est très loin de ce qu'on peut attendre en Nouvelle-Zélande.


Et puis enfin, on entre dans le vif du sujet avec une première grosse truite. Capturée dans une retourne très encombrée, elle m'aura donné du fil à retordre. Heureusement ma Hardy Zephrus 8'6" #5 tamponne les rushs et l'issue de ce combat rapproché m'est favorable.

La première grosse ! avec plus de 60cm
Nous devions développer une pêche fine avec de petites sèches ou nymphes en soignant les présentations, mais le vent nous l'aura interdit. Pas si simple... Une constatation qui sonne comme un avertissement : "Vous voilà prévenu".

Nous reprenons la route en début d'après midi. Un petit crochet sur la côte est.


Puis au bord d'un ruisseau de 400m de large...


Pour arriver enfin au bord d'une autre petite rivière que notre ami Sweetman nous avait indiqué.
Nous ferons un bref coup du soir, le temps pour Alex de prendre la première Arc.


Nous posons notre campement à proximité de la rivière pour une seconde nuit de sommeil bien méritée. Décalage horaire oblige, nous nous réveillons à l'aube pour constater un magnifique levé de soleil.


Campement et petit dèj au milieu de genet
Nous attaquons sur l'amont de rivière. Le milieux est plus accidenté et le débit plus conséquent. Étonnant me direz-vous ! Pas tant que ça, car une bonne partie de l'eau est captée pour arroser les pâtures. La Nouvelle-zélande est aussi un grand lieu pour l'irrigation, ce qui pose de sérieux problèmes sur bon nombre de rivières.


Nous développerons une pêche fine en nymphe et sèche à vue sur des Rainbows de belles tailles (moyenne à plus de 50 cm), avec pour ma part un degré de réussite proche de zéro, car malgré pas mal de poissons piqués, rien ne termine dans les filets.
Heureusement, Alex s'en sort mieux et prend d’emblée la pole position dans le classement Arc en ciel !

Quoi ma gueule ?
Nous quitterons vers midi la rivière dans un décor splendide, en prenant une bonne dose de dépaysement.


Nous traverserons des paysages étonnant qui s'alternent à une fréquence folle. 15 km suffisent à vous faire passer d'une montagne semi-désertique à une vallée verdoyante.
Nous croiserons bien des rivières sans qu'aucune ne retiennent vraiment notre attention.
Nous nous arrêterons seulement le soir, sur une rivière très réputée en NZ, la Mataura.


Beaucoup de truites farios sont présentes, mais leur activité est très limitée. On se heurte à une autre problématique, impossible d’intéresser ces poissons.
Après cette soirée, je me pose beaucoup de questions quant aux renseignements que nous avons pu trouver sur le net. Nous en ferrons d'ailleurs les frais plus tard durant le séjour.

Nous trouvons refuge sur une aire de repos pour y passer la nuit. On redécolle aux aurores pour quelques heures de route et rejoindre enfin la première rivière d'intérêt que nous avions repéré. Nous faisons halte dans une petite ville au bord d'un lac pour faire désinfecter notre matériel dans un magasin. En attendant l'ouverture, nous nous promenons au bord du lac.


Et nous faisons une trouvaille miraculeuse... une douche. Ce sera d'ailleurs notre seule douche chaude du séjour.


Après cette étape bienfaisante, nous nous rendons au magasin de sport. Nous rencontrons Ian, un vieux briscard à qui nous racontons notre déculotté sur la Mataura. Il entame ses explications en m'adressant ironiquement un "You are fishing guide... Really ?"
Ce qui nous rassure, c'est que la Mataura est l'une des rivières les plus difficile du pays mais qui offre ponctuellement de très belles parties de pêche. De plus, la Nouvelle-Zélande connait l'un des printemps les plus chaud et sec de son histoire, ce qui ne facilite pas la tâche. Il conclu en disant que nous devrions trouver de bien meilleures conditions sur la rivière que nous apprêtons à pêcher.
On ressort donc de l'échoppe matos désinfecté et surboosté pour la suite de l'aventure.

Une petite heure de route et nous voilà ... au paradis !
Quelle claque ! Tout est magnifique ! La forêt vierge, les étendues de lupins, les montagnes, cette rivière pure, tellement pure... Partout ou nos regards se posent est source d'enchantement. L'impression d'avoir trouvé ce que nous sommes venu chercher à 20 000 km de chez nous.




Le soleil brille enfin pour nous. Après une brève collation nous nous lançons à l’assaut de cette magnifique rivière.
A première vue, il n'y a pas foule sous la surface. Mais assez rapidement, une ombre noir m'attire l’œil. On s'approche suffisamment pour constater qu'il s'agit bien d'une belle truite et qui de plus se nourrit goulûment en surface. Une vision digne des plus beaux films de pêche en NZ que nous regardions durant toutes ces années.
Il y a une petite retombée d'éphémère marron-beige. J'attaque donc avec une Paraquill beige. Deuxiéme passage et la belle fait un écart d'un mètre pour engloutir ma mouche. Une bonne bagarre s'en suit dans une eau cristalline... je crois rêver, mais les piqûres de sandfly me ramènent vite à la réalité.

Un gros 55 cm, le début d'un sacré festival.
Nous continuons notre prospection. Il y a effectivement peu de poissons, alors nous nous donnons comme mot d'ordre : "Poisson vu, poisson prit ".
Sauf que voilà, à la pêche, ça ne se passe jamais comme prévu. Décroche pour moi, puis c'est au tour d'Alex. Moi à nouveau et enfin une casse pour Alex.

Spot magique ou nous louperons chacun une truite
Il aura fallut en passer par là pour mettre la machine en marche.
C'est sur un pool profond que la chance me sourrit à nouveau. Un coup de ligne magique en nymphe à vue dans près de 4 m de profondeur pour une seconde truite de plus de 60 cm, suivit par deux brunes et une arc, avec pour chacune plus de 55 cm.




Séparé depuis un petit moment, je rejoins Alex qui n'a pas vraiment eu les mêmes opportunités que moi. Peu de poissons dehors et beaucoup de vent. J'ai été plutôt protégé de l'orage qui se préparait.


Pas si terrible cet orage, on aura seulement prit une petite rincée mais le vent et le manque de luminosité ne nous auront pas permit de pêcher durant un long moment.


Retour au calme... de courte durée car après bien des efforts Alex est enfin attelé. Un poisson bien dur à estimer durant le combat. "Elle fait 60 cm !"  "Tu crois ? Moi je dirai 65 cm." "Ouais un bon 65..."
C'est finalement dans l'épuisette que l'ont prend la mesure de cette grosse fario.

Heureux le garçon !
Verdict : 71 cm ! On se croirait en Nouvelle-Zélande !
C'est sur ce fabuleux poisson que nous terminons la journée.

Pour une fois, nous dormons dans un Campsite, qui n'est pas vraiment un camping comme nous l'entendons en France. Le confort reste limité... très limité... En fait, juste un toilette.
Mais bon, on oublie vite le confort quand votre première vision de la journée et la suivante.

En direct de la tente.
Pour résumer le deuxième jour sur cette rivière, je dirai que nous étions particulièrement en phase Alex et moi. La première fois depuis le début du séjour.
S'il y a bien eu quelques loupés, les captures se sont enchaînées tout au long de la journée avec une taille moyenne dépassant les 60 cm. Une dinguerie !






BING BAM BOOM !!! Voilà quelques photos de la matinée et BING BAM BOOM !!! Suivent celles de l'après-midi.







C'est une bonne quinzaine de poissons qui seront sortis de l'eau, nous sommes aux anges. Et ce qui était une exception, prendre une truite de 60 cm, devient une habitude. Ce qui n'enlève rien à la magie, mais permet de se concentrer un peu plus sur le paysage.

Pour se remettre de nos émotions qu’espérer de mieux qu'un bon repas... On à donc conservé une petite arc (de 2kg) pour la manger. Mes talents de cuisinier auront suffit à sublimer cette truite... Cuisson en papillote perforée sur barbecue, agrémenté d'huile d'olive et de sel aux herbes... Le tout accompagné d'un pinot noir local... Un régal.


Troisième est dernier jour dans cette vallée.
Plus en aval, le décor change un petit peu et le profil de la rivière rappelle un peu la Slovénie.



Pas de truites marbrées aux alentours, mais on se décide tout de même à enfoncer le clou en ajoutant quelques captures à la liste.



Alex se lance dans une curieuse opération photographique. A vous de juger, mais personnellement ça me fait bien rire !



Quelques captures encore et nous mettons fin à cette extraordinaire partie de pêche.



Nous retrouvons ensuite Ian dans son magasin pour lui raconter nos exploits. Il est subjugué par de tels résultats. Avec mon anglais approximatif, c'est mon tour de lui retourner un commentaire laconique " I'm not fishing guide for nothing ! "

Nous avons beaucoup de peine à réaliser ce que nous venons de traverser. Qu'allons nous trouver ensuite qui pourra égaler ces moments magiques?
 C'est sur cette question que nous débattons sur la route avant de se régaler d'un magnifique coucher de soleil en altitude.



A très bientôt pour la suite de l'aventure,
Matthieu Pornon


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